Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/50

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Défaillante sa main agit tant qu’il respire,
Et son fer vibre et luit jusqu’à ce qu’il expire. »

VII


Mais avant que la troupe ait pu se rallier,
Qu’en se croisant de près le fer au fer s’oppose,
Gulnare et son harem vont bientôt essuyer,
Dans le sacré refuge où la belle repose,
Les pleurs qu’elle versait pour la vie et l’honneur.
Celle-ci, cependant, durant ce court espace,
Recueillant sa pensée errante en sa douleur,
Et dans son désespoir, à l’esprit se retrace
Le ton courtois et doux, les accents d’une voix
Qui donne à ses regards un charme inexprimable.
« Chose étrange ! cet homme est-il donc à la fois
Un brigand sanguinaire, un amant plus aimable
Que l’amoureux Seyd ? Brûlant, passionné,
Le Pacha fait sa cour à sa sultane esclave
Comme s’il l’honorait d’un cœur qu’il a donné.
Le Corsaire au malheur a voué, noble et brave,
De sa protection l’hommage, le devoir,
Le droit de la beauté ! C’est, je le sens dans l’âme,
Un coupable désir que celui de revoir
Ce chef (ce vain désir est pire en une femme),
Et pour un tel bienfait de le remercier,