Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/49

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Il ralentit sa fuite ; on le voit s’arrêter,
Puis bientôt avec ordre en troupe il se rallie,
Et d’un pas plus hardi même ose résister.
Seyd s’en aperçoit, voit son faible adversaire :
Une poignée éparse entoure le Corsaire.
Honteux de sa faiblesse, il connaît son erreur,
Tout près de succomber à la lâche terreur.
« Par Allah ! » cria-t-il, « oui, par Allah, vengeance ! »
La honte devient rage et monte en grossissant.
Il faut vaincre ou mourir. Qu’en la nouvelle chance,
Le fer contre le fer, le sang contre le sang
Ramènent le triomphe à sa phase contraire.
Le combat se rallume aux feux de la colère,
Et ceux qui combattaient pour vaincre et conquérir
Ne frappent plus dès lors que pour ne point périr.
Conrad voit le danger, voit sa troupe surprise,
Cédant à l’ennemi qui reprend sa vigueur.
« Un effort, à travers ses rangs dans cette crise
Pour nous faire un passage. Allons, amis, du cœur ! »
On s’unit, on se serre, on charge, mais on plie ;
Bientôt tout est perdu. Dans un cercle assiégé
Sans espoir, non sans cœur, chacun vend cher sa vie
Dans une lutte à mort ; mais l’ordre est dérangé,
Et l’on ne combat plus en rang avec prudence.
Cerné, coupé, haché, partout aux pieds foulé,
Chacun porte, isolé, son coup dans le silence,
S’affaissant, moins vaincu que tombant accablé ;