Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/58

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Gulnare des côtés de son maître se lève,
Et prenant doucement un anneau précieux
Dont elle orne souvent son doigt par badinage,
Sans être interrogée elle s’ouvre un passage.
Sans obstacle à travers chaque rang assoupi,
Tremblant devant ce signe en tout temps obéi.
La garde en ce moment, du combat harassée,
Enviant à Conrad son repos si profond,
Sur le seuil de la tour, somnolente, glacée,
Succombe appesantie à ce sommeil de plomb
En saluant l’anneau ; puis sa tête indolente,
Sans voir qui le portait, retombe nonchalante.

XIII


Gulnare le regarde : « Il peut dormir en paix,
Quand le trouble a guidé mes pas en sa demeure ?
Peut-il dormir en paix, quand ici chacun pleure
Sa défaite ou les maux qu’à l’entour il a faits ?
Par quel charme cet homme a-t-il autant d’empire
Sans doute je lui dois la vie et même plus :
Il m’épargna la mort et la honte encor pire.
Ces pensers sont tardifs, peut-être superflus.
Mais silence, il s’agite, et tandis qu’il sommeille,
Quel pénible soupir ! il frémit, il s’éveille ! »
Il a levé la tête, et son regard douteux