Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/91

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— « Gulnare. » Elle se tait. « Chère Gulnare ! » Ici
Elle a levé les yeux, seule réponse encore
Qu’on puisse y lire, et puis tombe en ses bras. Ah ! si
Conrad avait ravi Gulnare à cet asile,
Son cœur eût été plus ou moins qu’un cœur humain
Coupable ou non, ce cœur reconnaissant, facile,
Ne peut se repousser. Peut-être dans ce sein,
De sa vertu mourait la dernière étincelle.
Mais Médora pouvait pardonner ce baiser,
Qui n’implore pas plus d’une forme si belle,
Que ce que la pitié ne saurait refuser.
Le premier, le dernier bonheur que la faiblesse
Déroba par mégarde à la fidélité ;
Sur la bouche où l’amour, dans sa plus douce ivresse,
Exhala son haleine avec sa suavité,
En laissant échapper du fond d’un cœur fidèle,
Successif, répété, maint odorant soupir,
Que le dieu se plaisait lui-même à rafraîchir,
Comme s’il l’éventait du contact de son aile.

XVIII


À cette heure douteuse entre le jour, la nuit,
Les forbans ont gagné leur île solitaire.
À la troupe nomade enfin son roc sourit ;
Le port fait bourdonner sa voix hospitalière ;