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un feu qui ne peut s’éteindre que par une stérile séparation. La passion qui s’échauffe ressemble, en effet, au feu qui s’allume, et de même que l’eau peut seule éteindre celui-ci, de même l’émission du sperme peut seule en calmer les ardeurs et en apaiser les tourments.

La femme ne trouve pas plus d’avantage que l’homme dans les caresses non suivies de coït.

On raconte que Dahama bent Mesedjel attaqua, devant le gouverneur de la province d’Yamama, son parent et mari el Adjadje, alléguant qu’il était impuissant et qu’il ne cohabitait pas avec elle, ni ne l’approchait.

Son père, qui l’assistait dans ce procès, se vit reprocher son immixtion dans cette affaire par les gens de l’Yamama, qui lui dirent :

« N’as-tu pas honte de réclamer le coït pour ta fille ? » à quoi il répondit : « Je veux qu’elle ait des enfants ; si elle les perd, Dieu lui en tiendra compte ; si elle les conserve, ils lui seront utiles. »

Dahama formula ainsi sa plainte en entrant chez le gouverneur : « Voici mon mari, et il m’a laissée jusqu’à présent intacte. » Le gouverneur lui objecta : « C’est que sans doute tu y mets de la mauvaise volonté ? » « Au contraire, répliqua-t-elle ; pour lui j’amollis mes chevilles (j’ouvre les cuisses), et je dispose mon épine dorsale (je me mets sur le dos). »

Le mari s’écria : « Ô émir, elle ment ! pour la posséder je suis contraint d’entrer en lutte avec elle. » L’émir prononça son jugement. « Je te donne, dit-il, un délai d’une année pour prouver