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prouvent que ces genres de plaisir ne leur étaient pas inconnus, il est dès lors inexcusable de n’être pas entré dans quelques détails au sujet de ces diverses manières d’entendre l’amour. Certes il eut été intéressant de connaître quels sont les animaux qui, en raison de leurs mœurs et de leur conformation, sont les mieux appropriés pour servir au plaisir soit de l’homme, soit de la femme et quels peuvent être les résultats de ces accouplements.

Enfin le cheikh garde également le silence sur les jouissances qu’est susceptible de donner la bouche ou la main d’une jolie femme, ainsi que sur les Cunnilingues[1].

Qui a pu motiver un pareil oubli à l’égard de questions aussi intéressantes ? Le silence de l’auteur à ce sujet ne peut être attribué à l’ignorance, car, dans le cours de son ouvrage, il a donné des preuves d’une érudition trop étendue et trop variée pour qu’il ne soit permis de suspecter son savoir.

Faut-il rechercher la cause de cette lacune dans l’espèce de mépris qui existe réellement chez les Musulmans, pour la femme, et qui l’amène à croire qu’il dégraderait sa dignité d’homme s’il s’abaissait à des caresses qui sembleraient s’écarter des règles qu’à tracées la nature ? Ou bien enfin l’auteur s’est-il tu craignant, en abordant de pareilles matières, de laisser présumer qu’il partageait des goûts que beaucoup de personnes regardent comme dépravés.

Quoiqu’il en soit, cet ouvrage, tel qu’il est, contient un grand nombre de renseignements utiles

  1. (4) Pædiconibus os olere dicis :
    Hoc si sieru aïs, Fabulle, verum est,
    Quid credis olere cunilingis ?

    Les pédérastes, dis-tu, puent de la bouche, si cela est vrai, Fabullus, que sentent les cunilingues ?
    (Martial, livre 12, épig. 86. Traduction de Nisard.)