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rassembler toutes les choses remarquables et attrayantes intéressant le coït, afin que celui qui est dans le chagrin y trouve une consolation et que celui qui éprouve des difficultés à entrer en érection y puise un moyen de remédier à sa faiblesse. De savants médecins ont écrit, que ceux dont le membre ne jouit plus de sa force et qui sont atteints d’impuissance, doivent, soit s’adonner à la lecture des livres traitant du coït et étudier avec soin les diverses manières de coïter, pour retrouver leur vigueur passée, soit regarder les animaux se livrant au coït, moyen sûr pour se procurer des érections. Comme il n’est pas toujours, ni partout, facile de se procurer la vue d’animaux s’accouplant, les livres relatifs à l’acte de la génération sont d’une nécessité incontestable. Dans tous les temps et dans tous les pays, le petit comme le grand, le riche comme le pauvre, a du goût pour ce genre de livres, qui est aussi indispensable pour l’âme que l’est la pierre philosophale pour transformer les métaux communs en or.

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On raconte, et Dieu pénètre les choses les plus cachées et il est le plus sage ! qu’autrefois, avant le règne du grand calife Haroun er Rachid, vivait un bouffon qui était l’objet des railleries et des moqueries des femmes, des vieillards et des enfants. On le nommait Djoâïdi[1]. Il jouissait, à volonté, des faveurs de beaucoup de femmes et toutes le recherchaient et l’accueillaient à merveille. Il était très bien traité aussi par les princes, les vizirs et les caïds :

  1. (123) Le mot Djoâïdi signifie homme du peuple. La racine djâd جعد indique des cheveux crépus frisant naturellement.