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tout le monde, en général, le choyait. À cette époque, en effet, tout ce qui était bouffon jouissait de la plus grande considération, et c’est pour cela que le poète a dit :

« Ô temps, de tous ceux qui passent ici-bas, tu n’élèves que
« celui qui se conduit en insensé et en bouffon,
« ou celui dont la mère est une prostituée,
« ou dont l’anus sert d’encrier[nde 1],
« ou bien celui qui, depuis son enfance, exerçant le métier d’entremetteur,
« n’a eu d’autres occupations que de faciliter les relations entre les deux sexes. »

Djoâïdi faisait le récit suivant :

Histoire de Djoâïdi et de
Fadehat el Djemal

J’étais amoureux d’une femme remplie de grâces et de perfections, douée d’une taille exquise et de tous les attraits imaginables. Elle avait des joues comme des roses, un front éclatant, des lèvres comme du corail, des dents comme des perles, des seins comme des grenades. L’ouverture de sa bouche ressemblait au chaton

  1. (k’) Note de l’éditeur. Périphrase pour désigner un mignon, un bardache. Elle a son origine dans cette comparaison, assez connue des Arabes, de la plume et de l’encrier avec la verge et la vulve.