rement les incorrections dues à son ignorance et à sa négligence, mais encore ne se fait pas faute de corriger, de modifier, d’ajouter surtout, suivant son caprice. Le lecteur lettré lui-même, entraîné par l’attrait du sujet, vient aussi bien souvent par là dessus annoter le texte en marge, insérer l’anecdote du jour, l’idée qui a cours, la recette médicinale préconisée, et tout cela se retrouve ensuite dans le corps de l’ouvrage, au grand détriment de sa pureté, dès qu’il est livré à un nouveau copiste.
Il n’est pas douteux que ce fait se soit produit pour le Cheikh Nefzaoui. Nos trois textes et celui sur lequel a travaillé le traducteur offrent, en effet, des dissemblances frappantes et de tous les instants, quoique, soit dit en passant, celui de la traduction semble se rapprocher davantage, comme style, du texte étendu dont nous venons de parler. Mais une question d’un autre ordre vient se poser à nous à propos de ce dernier qui renferme plus de quatre fois la matière des autres. Est-il en entier l’œuvre du Cheikh Nefzaoui, ayant subi toutefois les modifications auxquelles ne peuvent échapper les manuscrits, et constituerait-il alors un ouvrage à part, à l’usage des raffinés, tandis que les autres ne seraient qu’un abrégé, un ouvrage élémentaire à l’usage du vulgaire ? Ou bien ne serait-il que le produit d’additions nombreuses faites successivement à l’ouvrage et qui l’auraient grossi au point de lui donner l’importance que nous constatons ?
Nous n’hésitons pas à nous prononcer pour la première de ces hypothèses. Le Cheikh dans l’historique qu’il en fait, raconte que son ouvrage est le second de cette espèce qu’il compose et qu’il n’est autre que le premier, intitulé le Flambeau de l’Univers considérablement augmenté sur les conseils du vizir Mohammed ben Ouana ez Zouaoui. Ne serait-il pas possible qu’un