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de la maison avec une coupe pleine d’eau. Bahloul but, puis il laissa tomber de ses mains la coupe, qui se brisa. La négresse ferma alors la porte, laissant dehors Bahloul qui s’assit sur le seuil.

Le bouffon était ainsi près de la porte quand arriva le Vizir, mari d’Hamdouna, qui lui dit : « Pourquoi te vois-je, ô Bahloul ? » Celui-ci répondit : « Ô mon seigneur, je passais dans la rue, quand je fus saisi d’une grande soif. Une négresse vint à moi et m’apporta une coupe d’eau. La coupe s’est échappée de mes mains et s’est brisée. Notre maîtresse Hamdouna m’a alors pris la robe que m’avait donné le sultan, notre maître, en paiement de la coupe. »

Le vizir dit aussitôt : « Qu’on lui rende sa robe ! » Hamdouna sortit en ce moment, et son mari lui demanda s’il était vrai qu’elle eût enlevé la robe dorée comme prix de la coupe. Hamdouna s’écria alors, en frappant les mains l’une contre l’autre, « Qu’as-tu donc fait, ô Bahloul ? » Celui-ci répondit « J’ai parlé à ton mari le langage de ma folie, parle lui, toi, celui de ta raison. » Et elle s’extasia de la ruse qu’il avait employée, puis elle lui rendit sa robe et il partit.

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