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LE PARFUM DES PRAIRIES

— Ma dame te demande, lui dit-elle.

— Réponds à ta maîtresse que je vais immédiatement me rendre à ses ordres.

Le bouffon se leva et se rendit bien vite chez la dame, à laquelle il baisa les mains en arrivant.

— Ah ! te voilà donc enfin ! Ne veux-tu pas entendre une chanson ? dit la femme du ministre, dont la réputation de chanteuse s’étendait dans tout l’empire.

— Certes, avec bonheur, dit Baloul.

— Je vais donc te satisfaire, mais après les chansons tu voudras peut-être encore autre chose ?

— C’est possible, dit le bouffon.

Alors elle chanta avec une voix admirable de fraîcheur et de jeunesse. Quand elle eut terminé elle fit apporter à Baloul des gâteaux sucrés, des confitures et d’excellent vin ; et le gourmand se mit à manger comme un glouton.

— Baloul, lui disait la dame, plus je te regarde, plus je suis sûre d’avoir compris ta pensée ; je gage que tu veux m’offrir la robe que tu as sur toi.

— Peut-être, mais viens près de moi du côté droit. Maintenant je te préviens que je ne donnerai ma robe qu’à la femme à laquelle je ferai çà.