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LE JARDIN PARFUMÉ

— Qu’est-ce que tu lui feras, Baloul ?

— Je lui ferai ce qu’un homme fait à sa femme.

— Est-ce que tu sauras le faire, Baloul ?

— Comment, si je saurais le faire ? Depuis mes jeunes ans je connais les femmes et je fais l’amour avec elles ; je sais très bien comment elles sont faites, je les connais dans leurs détails les plus intimes ; je sais leurs baisers brûlants et jusqu’à la façon dont arrive leur dem. Nul mieux que moi ne les apprécie à leur juste valeur et je l’ai payée largement ce qu’elles valent.

Et cette femme était l’épouse chérie d’un ministre, elle était charmante et pleine d’esprit ; elle avait une taille mince et élancée, une grâce infinie. Aucune n’était aussi blanche et aussi belle. Un grand de la terre serait devenu son esclave et l’aurait servie à genoux. En la regardant les yeux éblouis se remplissaient de larmes et ceux qui la voyaient perdaient la raison ; la seule vue d’une de ses mains en avait rendu plusieurs fous d’amour. Et Baloul ne l’aimait pas.

Il sortit dédaigneusement sans rien dire, laissant la dame, qui ne se sentant pas encore vaincue, l’envoya chercher quelques jours après ; mais il