Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/100

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— Et vous n’attendez pas que je prenne la peine de vous répondre ?

— Je t’en dispense ; ma conviction est faite.

— Avez-vous écrit à ma mère ?

— Pas encore, je ne sais que lui écrire. Mon embarras est extrême.

— S’il vous en souvient, vous m’avez donné votre parole d’oncle et de gentilhomme que vous ne feriez rien à mon insu.

— Parole d’oncle et de gentilhomme, tu verras mes lettres. Reviens dans deux jours, à la même heure, car je ne rentre qu’au moment du dîner. Je te montrerai mon brouillon.

— Voilà qui est entendu, répondit Horace ; c’est la guerre, mais une guerre loyale. »

Et il prit congé de son oncle sans lui donner la main, tant il avait sur le cœur les impertinents propos que M. de Miraval lui avait tenus ; mais en chemin il ne tarda pas à les trouver plus plaisants qu’impertinents. Il finit par se les répéter en riant, et ce fut aussi en riant qu’il les rapporta à Mme Corneuil et qu’il lui fit un récit fidèle, minutieusement exact de sa visite à l’hôtel Gibbon. Il fut récompensé de sa sincérité par un sourire enchanteur, par des témoignages de tendresse pleins de saveur et de délices. Comme dans la charmille, il vit un