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Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/106

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à sa fille et à M. de Penneville que chaque matin, sauf les cas de pluie ou de vent furieux, M. de Miraval s’embarquait sur le bateau qui traverse le lac d’Ouchy à Évian, qu’il passait la journée en Savoie et revenait entre chien et loup dîner à son hôtel. Qu’allait-il faire en Savoie ? On se perdit en conjectures. La plus vraisemblable, à laquelle on s’arrêta, fut que Mme de Penneville avait quitté Vichy pour Évian, que chaque jour son émissaire, son suppôt, allait l’y rejoindre et conférer avec elle, qu’avant peu la bombe éclaterait. Mme Véretz émit sérieusement, quoique sous forme de plaisanterie, le désir qu’on filât le marquis et que M. de Penneville se transportât dès le lendemain à Évian pour s’assurer de ce qui s’y passait. Sa fille et Horace goûtèrent peu son idée et déclinèrent sa proposition, l’un par dignité, l’autre par prudence. Toujours craintive depuis cette nuit où elle avait fait de si mauvais rêves, Mme Corneuil se disait : Loin des yeux, loin du cœur. Elle ne se souciait pas qu’une journée durant son bien-aimé mît le lac entre elle et lui ; elle avait peur que, dans les hasards de son expédition, il ne tombât dans les mains des Philistins et qu’on ne le lui volât.

On fut bientôt hors de peine. Horace avait écrit à sa mère ; il en reçut la réponse suivante :