Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/105

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ordre à son cocher, et la voiture s’arrêta net. Horace n’eut garde de lâcher le bras de son oncle, qu’il obligea à faire halte. Apparemment le charme opérait de nouveau, car, en s’approchant de la portière, le marquis rencontra le regard de Mme Corneuil et perdit aussitôt contenance. Il s’inclina gauchement, rougit, marmotta quelques mots qui n’avaient ni sens ni l’air d’en avoir un. Puis, se dégageant de l’étreinte de son neveu, il fit un second salut, tourna le dos et gagna pays.

« Il devient de plus en plus inexplicable, dit Mme Véretz. Je commence à croire qu’il a mauvaise conscience.

— C’est un conspirateur qui a des scrupules intermittents, dit Mme Corneuil.

— Il m’a confessé hier qu’il avait un secret, dit Horace.

— Je le devinerai, son secret, reprit Mme Véretz.

— Et moi, pour en avoir le cœur net, j’écrirai dès ce soir à ma mère, » répondit-il.

Le soir même, comme il arrive quelquefois, la bise tomba brusquement ; il en résulta que le lendemain on ne revit pas le marquis. Mme Véretz alla aux informations ; peut-être avait-elle ses mouches, elle en mit une en campagne. Quelques heures après, elle eut la satisfaction d’apprendre