Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/141

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que sa chère compagne, que sa chimère n’était plus de ce monde. Désormais il était seul, tout seul, et sa solitude l’épouvanta. Il laissa pendre son front sur sa poitrine, de grosses larmes descendirent le long de ses joues.

En relevant la tête, il s’avisa qu’il n’était pas seul, qu’il y avait sur sa table une petite statuette d’un pied de haut, qui le regardait, qu’elle s’appelait Sekhet, la secourable, et qu’elle allongeait vers lui son joli museau de chat, dont le froncement était empreint d’une miséricordieuse bienveillance. Il courut à elle, la prit dans ses mains.

« Ah ! te voilà, lui dit-il ; comment t’avais-je oubliée ? Je ne suis pas seul, puisque tu me restes. Quelqu’un disait ici même que les roses se fanent, que les dieux demeurent. Je t’aime, tu m’aimes, et nous nous aimerons toujours. »

En parlant ainsi, il caressait sa taille fine, ses hanches arrondies, et il finit par la baiser dévotement sur le front. Il lui parut que cette bonne petite Sekhet plaignait ses peines, qu’elle était tout émue, tout attendrie, qu’elle avait un bon petit cœur comme une sœur grise ou simplement comme une honnête créature humaine ; il lui parut aussi qu’il y avait des larmes dans ses yeux,