Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/143

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Genève ; j’y coucherai ce soir, et j’en repartirai demain par le train express de trois heures ou, pour mieux dire, de trois heures et vingt-cinq minutes. Agréez l’expression de tous les vœux que je fais pour votre bonheur et l’assurance de mon inaltérable affection. »

La seconde, hâtivement gribouillée, contenait ceci :

« Monsieur le marquis, vous aviez tristement dit vrai ; il n’aimait pas ou il aimait bien peu, puisqu’il n’a pu pardonner à la femme qu’il prétendait aimer de s’être assoupie pendant la lecture d’un mémoire sur le roi Apépi. Je vous laisse à deviner ce qu’en a pensé ma fille ; elle a toisé le personnage, et une femme n’aime plus l’homme qu’elle toise. J’apprends qu’il se met en route à l’instant ; vous n’avez donc plus à craindre mes indiscrétions. Rien ne vous empêche désormais de m’écrire votre secret, ou plutôt faites mieux, venez nous le dire ce soir en dînant avec nous. »

Jacquot rapporta à Mme Véretz la réponse que voici :

« Chère madame, il faut donc vous le révéler, ce terrible secret ! J’ai une passion déplorable, que je cache avec grand soin, par respect pour mes cheveux blancs ; ceux de mes amis qui la