Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/15

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pas sous la main la Gazette des tribunaux ; mais il n’importe, je suis sûr de mon fait. Maître Papin, avocat de la demanderesse, l’un des princes du barreau, venu de Paris à cet effet, déclara que M. Corneuil était un vilain homme, un franc butor, que Mme Corneuil était une nature exquise, un caractère angélique. Il attesta le ciel que ce monstre, après avoir aimé cet ange, s’était dégoûté de son bonheur, dont il était indigne, qu’il avait usé des procédés les plus révoltants, qu’il ne lui avait pas suffi d’avoir des maîtresses et de les afficher, qu’il s’était livré à des emportements odieux, compliqués de voies de fait, de véritables sévices. A cela maître Virion répliqua que, si son client avait eu l’imprudence de s’abandonner par-devant témoins à de regrettables vivacités, ce n’était point un monstre, et que, ai la demanderesse était une créature angélique, il y avait dans le cœur onctueux de cet ange beaucoup de vinaigre et surtout beaucoup de calcul. Il s’efforça de démontrer à la cour que M. Corneuil n’avait eu que des torts fort excusables, mais que sa femme lui faisait un crime de s’obstiner à vivre à Périgueux, où elle ne pouvait se souffrir, que n’ayant point réussi à lui persuader de transporter le domicile conjugal à Paris, seul séjour, pensait-elle,