Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/16

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qui fût digne de ses grâces et de son génie, elle avait formé le projet de reconquérir son indépendance, qu’à cet effet elle s’était appliquée avec un art machiavélique à le mettre dans ses torts, qu’elle lui avait rendu son intérieur insupportable par la sécheresse de son humeur, par toute sorte de petites persécutions, par ces mille coups d’épingle dont les anges ont le secret et qui poussent à bout des hommes qui ne sont pas des monstres. Le malheureux était-il si coupable d’avoir cherché à se consoler ? Je le répète, les deux avocats firent merveille. La difficulté est de savoir qui mentait ; pour mon compte, je les aurais renvoyés dos à dos. Ce qui est certain, c’est que la cour donna raison à maître Papin. La séparation fut prononcée et la moitié de la fortune adjugée à Mme Corneuil. Cependant maître Virion n’avait pas menti de tout point, puisque, six mois après le jugement, Mme Corneuil partait pour Paris en compagnie de sa mère.

« Tu me demanderas, je le prévois, ma chère Mathilde, ce qu’a bien pu devenir à Paris la belle Mme Corneuil ; ce n’est pas ce que tu penses. J’ai fait trois courses ce matin à l’unique fin de pouvoir te renseigner ; ne me remercie pas trop : j’aime à courir. Mme Corneuil n’a pas encore assouvi