Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/178

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quel bec ! quelle houppe ! quelle façon de cligner de l’œil et de se gratter la tête ! Il était plein de malice, et pourtant un cœur d’or ! Croiriez-vous que, pendant une absence que je fis, il resta huit jours sans vouloir manger ? Demandez plutôt à ma concierge. Ah ! si les hommes savaient aimer comme cela ! .. Mais vous me faites perdre le fil de mon histoire. Quand j’arrivai le soir au théâtre, eh bien ! là, je n’étais pas encore sûre de ce que je ferais. Je disais oui, je disais non, je ne savais pas où j’en étais. — Bah ! pensai-je, jetons la plume au vent ; selon ce que sa figure me dira ce soir, je me déciderai. — Or il advint que sa figure me déplut. En m’approchant de la rampe, je le regardai du coin de l’œil. Il s’avisa de passer sa main droite dans ses cheveux d’un air vainqueur, et il se mit à sourire. Il avait une expression de contentement qui ne me revint point ; il était sûr de son fait, il se flattait d’avoir déjà ville prise. Je le regardai de nouveau, il sourit encore. Il tenait à la main une bonbonnière pleine de dragées, qu’il croquait à belles dents, et cela voulait dire : « Je te tiens, tout à l’heure je te croquerai. » Je lui répondis à part moi : « Puisqu’il en est ainsi, attends un peu, mon bel ami ; tout à l’heure, il y aura du décompte. » Je ne