Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/199

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compte, qu’il avait résisté à toutes leurs supplications.

« — Ils ne veulent pas admettre que ce soit mon dernier mot, ajouta-t-il, et ils m’ont donné une semaine pour réfléchir. Quand je réfléchirais deux ans… Pour qui me prennent-ils ? J’ai dit non, c’est non. Je ne les reverrai pas ; je te dis, Rose, que je ne veux plus les revoir. Et tiens, pendant que j’y pense, donne-moi une plume, du papier. Je veux leur écrire ici même et à l’instant que leur affaire est une vilaine affaire, que je les somme de ne m’en plus parler et qu’ils aillent au diable ! Mais tu me donnerais des distractions ; il faut que je sois seul pour écrire. Ce sera bientôt fait, je ne te demande que cinq minutes.

« Et reprenant sa petite voix douce :

« — Et puis, sais-tu ? nous ferons du punch. J’en veux boire dix verres à ta santé, pour te remercier d’avoir eu un jour la bonne pensée de venir au monde. Il n’y a que toi pour en avoir de pareilles ! Quand tu es née, il y avait une étoile qui dansait. C’est Shakespeare qui me l’a dit.

« Là-dessus, il passa dans la pièce voisine, où il fut plus de cinq minutes à écrire sa lettre, car j’eus le temps de prendre un livre en attendant et de m’endormir ; je dois avouer qu’en général c’est