Aller au contenu

Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’effet que produit sur moi la lecture. Cette fois encore, je fus réveillée en sursaut. Le verre de la lampe n’avait pas sauté ; mais il y avait dans la pièce voisine un homme qui se promenait à grands pas et qui parlait tout haut. A qui parlait-il ? Je m’approchai de la porte, qu’il avait laissée entr’ouverte, et je m’assurai qu’il était tout seul. A qui parlait-il donc ? Il était blême, livide ; la sueur avait collé ses cheveux à ses tempes, il roulait des yeux terribles, il avait l’air d’un spectre. Je le regardais, je l’écoutais, mais je ne pouvais comprendre un mot de son discours, à cela près qu’il répétait par intervalles : I won’t, et que j’avais appris assez d’anglais pour savoir que cela veut dire : Non, je ne veux pas.

« Sa figure était si effrayante que mon premier mouvement fut de refermer bien vite la porte et de la barricader. Cependant j’eus honte de n’être pas brave, je pris mon courage à deux mains, j’avançai d’un pas, je criai :

« — Edwards, pour l’amour de Dieu, avec qui vous disputez-vous ?

« Il me répondit d’une voix tonnante :

« — Avec qui serait-ce ? Eh ! parbleu, avec elle !

« — Avec elle ! lui dis-je. Avec qui donc ?

« Il me regardait sans me voir, il m’aperçut