Aller au contenu

Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à soi un beau fou qui parle tout seul en gesticulant. Bref, je dis à l’autre :

« — Mon cher, votre villa est charmante, mais on s’y ennuie à crever.

« Et je repartis bien vite pour Paris, où, à peine fus-ja arrivée, je courus au Grand-Hôtel.

« — Le numéro 107 est-il chez lui ?

« — Ils sont à déjeuner.

« — Qu’est-ce à dire ? Ils sont donc plusieurs à présent ? Il y a trois semaines, ils n’étaient qu’un.

« Je dus me rendre à la vérité, le bel Edwards venait de partir, et une famille avait pris sa place. J’en aurais fait une maladie, si je pouvais être sérieusement malade, mais cela n’est pas dans mes moyens, et, puisqu’on finit toujours par se consoler, le mieux n’est-il pas de commencer par là ?

« Un mois après, je reçus d’Angleterre une lettre en anglais, que j’ai eu la sottise de brûler. Je me l’étais fait traduire, et je l’avais apprise par cœur. La voici mot pour mot, je vous ai dit que j’ai bonne mémoire :

« Pendant plus de quinze jours, j’ai passé chaque soir et chaque matin devant ta porte ; je ne pouvais croire à mon malheur, c’est à peine si