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Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/213

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Elle se retourna vivement, revint sur moi comme un trait, l’œil courroucé et terrible ; je crus vraiment qu’elle m’allait dévorer.

« Mais vous ne savez donc pas l’histoire, docteur ? Je me la suis fait conter tout à l’heure dans le plus grand détail. Lui, pendu ! Y pensez-vous ? Est-ce qu’on pend un homme comme lui ? Apprenez, je vous prie, qu’il s’était réfugié dans une grange, où la police le cerna ; comme il refusait d’en sortir et de se rendre à discrétion, on y mit le feu ; à travers une palissade, on tira sur lui plus de vingt coups de carabine. Lui pendu ! Mais taisez-vous donc. John Wilkes Booth est mort les armes à la main, en se défendant comme un héros. »

Je la contemplais avec stupeur, et je m’écriai : « On croit connaître les femmes, elles nous étonneront toujours. Où donc la gloire va-t-elle se nicher ? »

Cela dit, le docteur Meruel prit sa canne et son chapeau, et il se dirigeait vers la porte, quand quelqu’un lui cria : « Votre histoire est-elle bien vraie ? »

Il répondit : « Je vous ai répété fidèlement ce qui m’a été conté l’autre soir ; si vous ne me croyez pas, vous vous ferez une mauvaise affaire avec Mlle Perdrix. »