Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/221

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Et il passa son chemin. Depuis lors, il a toujours cherché la synthèse, et la satisfaction superbe qui se peint dans son regard témoigne qu’il a fini par la trouver. C’est un grand avantage qu’il a sur nous tous ; car enfin qui de nous l’a trouvée ? Assurément ce n’est pas moi.

Qu’on n’aille pas s’imaginer là-dessus que M. Drommel est un métaphysicien, un idéaliste ; il méprise profondément l’idéalisme, la métaphysique et les songe-creux. Il appartient à cette nouvelle génération d’Allemands qui explique tout par les cellules et qui n’a pour Goethe et Hegel qu’une médiocre considération. M. Drommel se pique d’être réaliste jusque dans la moelle des os. Il estime que la société repose sur des opinions erronées et sur de sots préjugés. Son grand principe est que la nature a, comme M. Drommel, le génie de la synthèse, que toutes les maladies sociales proviennent de l’abus de l’analyse. Par une série de raisonnements fort bien déduits, il conclut de là que la propriété et le mariage sont, de tous les préjugés, les plus ridicules, les plus funestes, et que le point dont il s’agit est de remettre en circulation la terre et la femme. Il en a découvert la méthode, et il se fait fort de démontrer qu’il suffirait de deux ou trois décrets rendus par un gouvernement intelligent