Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/226

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et qui, tout en clochant un peu, faisait sensation partout où elle se montrait. Il éprouvait aussi quelque satisfaction à l’idée qu’il s’était fait aimer et adorer, lui Prussien, d’une femme née en pays rhénan, sur terre conquise. Il avait fait à sa façon acte de conquérant ; il n’avait pas épousé sa femme, il se l’était annexée, sans compter qu’il était beau de voir une danseuse devenir la femme d’un sociologue. Il y avait un peu de synthèse dans cette union, et M. Drommel estimait que, si le mariage doit être condamné comme un préjugé ridicule, les mariages synthétiques méritent peut-être qu’on fasse une exception en leur faveur. Il se flattait d’avoir donné au monde un grand exemple, et par voie d’insinuation il en toucha quelques mots discrets dans un article de la Lumière, ce qui fournit à l’asinus ridiculissimus l’occasion désirée de lui dire une fois de plus son fait. M. Drommel, comme on peut croire, le remoucha d’importance, en prenant tout l’empire germanique pour juge du camp. Ce fut vraiment une belle polémique.

Il avait mis dans son bonnet de tenter de nouveau les chances du scrutin dans les élections au parlement prussien qui ont eu lieu tout récemment. Il sonda le terrain, acquit la triste conviction qu’il