Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/229

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trouvé la synthèse. A quoi bon le dire ? M. Drommel n’en aurait rien cru.

Choqué du silence obstiné de l’ex-commissaire de police et trouvant de ce côté portes et fenêtres closes, M. Drommel se retourna vers Mme Denis. A peu de distance de Chailly, elle lui montra sur le bord de la route une sorte de tour crénelée coiffée d’une sorte de minaret, et elle lui raconta que cette tour était un tombeau qu’un particulier assez original s’est fait construire pour y être enterré avec ses chevaux et ses chiens. M. Drommel sourit de nouveau ; poussant le coude de Mme Drommel, il s’écria : Französische Eitelkeit. M. Taconet, qui savait un peu d’allemand, comprit que cela voulait dire : Voilà bien la vanité française ! Un peu plus loin, on rencontra une jolie vachère qui, armée d’une longue gaule, menait ses bestiaux aux champs. Elle interpella de loin le cocher de l’omnibus, et lui montrant toutes ses dents, elle lui cria :

« Redemandez mon ombrelle à Eugénie, j’en aurai besoin pour la fête de dimanche. »

M. Drommel haussa les épaules, poussa encore le coude de sa femme, et lui dit : Französische Frivolität. Quand M. Taconet n’aurait pas su l’allemand, il aurait deviné sans peine que cela signifiait : Voilà bien la frivolité française !