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Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/230

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Cette seconde impertinence lui fut amère ; il eut peine à digérer cette pilule. Il fut bien tenté de saisir M. Drommel à bras-le-corps et de le jeter par la portière ; mais quand on a été commissaire de police, on a appris à maîtriser son premier mouvement. Il se contenta de penser à Dindenaut, le marchand moutonnier, à ses insolents propos et, passant la main sur ses favoris, il grommela sourdement :

« Patience ! répondit Panurge. »

M. Taconet et Panurge avaient raison, la patience est une bonne chose, elle sait toujours trouver le mot de la fin. De ce moment, l’ex-commissaire de police s’efforça d’oublier l’existence de M. Drommel, en ne regardant plus que Mme Drommel. Plus il la regardait, plus elle lui plaisait. Il admira sans réserve ses cheveux d’un blond argenté, la douceur de sa voix flûtée, l’aisance de son maintien, la vivacité de ses manières, ses yeux de teinte indécise couleur du temps. Il admira surtout les grâces mignonnes de son sourire. N’étant jamais allé à Francfort-sur-le-Mein, ce sourire lui était nouveau ; il ignorait qu’on l’y rencontre souvent et qu’il est le frère des bons vins du Rhin. Ce qui le chagrinait, c’était le respect que Mme Drommel semblait témoigner à son mari, les attentions qu’elle avait