Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/236

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la forêt de Fontainebleau semblent être des lambeaux d’une ancienne assise de sable et de grès, détruite en partie par des cataclysmes, que les vallées qui les séparent ont été formées par l’érosion violente de courants sous-marins, que les immenses tables de grès, privées d’appui, se sont affaissées, et que leurs débris ont produit ces entassements sauvages et pittoresques qui offrent un caractère si particulier. Cette explication n’avait pas eu le bonheur d’agréer à M. Drommel. Il avait peu de goût pour les courants sous-marins, il ne croyait qu’aux actions lentes, et il désapprouvait tous les cataclysmes. Esprit méthodique, il était fermement convaincu que, comme lui, la nature procédait toujours avec méthode, qu’elle avait, comme M. Drommel, le génie novateur sans y mêler aucune passion révolutionnaire, et que, si elle avait siégé pendant trois ans au Reichstag, elle aurait pris place dans le voisinage des socialistes sans jamais frayer avec eux. Il se flattait de rapporter de son excursion une petite théorie toute neuve, un réquisitoire en règle contre les idées reçues. Il se promettait d’en faire le sujet d’un article qu’il expédierait dès le lendemain à la rédaction de son journal, en l’assaisonnant de quelques épigrammes contre l’asinus ridiculissimus, qui avait la sottise de croire aux cataclysmes.