Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/237

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Ce qu’il cherchait à cette heure, ce n’était pas le Nid-d’Amour, ni le Gros-Fouteau, ni d’admirables cépées de charmes, ni de beaux points de vue, ni le plaisir de ses yeux ; c’étaient des preuves sans réplique, des arguments irréfutables, et, tout en marchant, il pensait à l’asinus, qui peut-être en ce moment pensait à lui. Touchante sympathie des belles âmes !

Il serait mort de confusion s’il avait demandé sa route à qui que ce fût, et même il n’accordait que peu d’attention aux marques rouges et aux marques bleues que des mains prévoyantes ont imprimées sur le tronc des chênes ou sur la paroi des rochers, dans le dessein louable d’orienter le piéton. Il avait pris avec lui sa boussole et sa carte, encore ne les consultait-il qu’à de rares intervalles : son idée était la plus sûre des boussoles. Devant lui marchait son grand nez héroïque, aux narines frémissantes, qui savait toujours son chemin, guide infaillible, sondant l’espace et flairant l’inconnu. Mme Drommel suivait. Quoiqu’on fût au 30 septembre, il faisait chaud ; le ciel n’avait pas un nuage, et la pauvre femme était sans défense contre le soleil, qui était ardent. Par l’ordre de son maître elle avait laissé à l’hôtel son parasol de soie caroubier. Et d’ailleurs à quoi lui aurait-il servi ? Elle