Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/240

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fourrés de la vie, dans les hasards de débuts contestés comme dans l’ivresse des premiers succès, et il lui avait toujours tenu compagnie, à la ville, sur les planches, au foyer de la danse, même dans la trappe où elle s’était cassé la jambe, et, ce qui est plus digne de remarque, jusque dans les plaisirs douteux d’un mariage synthétique. Ce sourire est destiné à ne mourir qu’avec elle, et, quand on la clouera dans son cercueil, ce bel oiseau sera encore là, doucement posé sur ses lèvres pâlies et chantant à la camarde sa dernière chanson.

Comme il venait de déboucher dans la vallée de la Solle, M. Drommel se mit à allonger le pas, et sa femme lui dit, tout essoufflée :

« Tu ne te ménages pas assez, je crains que tu ne te fatigues. »

Elle s’approcha de lui. Il avança vers elle son vaste front ruisselant, dont elle étancha la sueur avec son mouchoir de dentelle, se flattant du vain espoir qu’il allait lui dire :

« Imbécile que je suis, je te fais trotter, tu n’en peux plus, reposons-nous. »

Il lui montra du doigt ses jarrets et ses pieds d’éléphant et lui dit :

« C’est de l’acier. »

Il ajouta :