Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/241

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« N’est-il pas plaisant que tu aies épousé depuis deux ans M. Drommel et que tu ne saches pas encore que M. Drommel n’est jamais las ? »

A ces mots, il se remit en route.

Cependant, après trois heures d’enjambées et à travers beaucoup de circuits, ils atteignirent le mont Chauvet, où M. Drommel résolut de faire une halte, non qu’il fût las, mais son estomac commençait à parler ou plutôt à crier. Il se garda bien de pousser jusqu’à la fontaine, qui commande un beau point de vue ; on lui avait conseillé d’y aller, et il n’en faisait jamais qu’à sa tête. Il avisa au pied d’un hêtre solitaire une pierre plate, qui formait un siège commode. Laissant à sa femme le soin de s’en procurer un autre, il la déchargea de son plaid, qu’il étendit sur la pierre ; il s’y installa, le hêtre lui servant de dossier. Mme Drommel posa à terre son cabas, en tira un poulet froid que le grand homme expédia lestement. Puis il avala trois verres de bière, en déclarant qu’elle était exécrable. Après cela, il ouvrit son calepin, se mit à crayonner des notes pour le grand article qu’il ruminait dans sa tête, et dans lequel il comptait tailler des croupières au Guide Joanne et à l’asinus.

Mme Drommel s’était assise tant bien que mal sur un tronc d’arbre renversé ; elle n’avait pas de