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Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/246

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— Ajoutons-y deux ou trois Suzannes, » répondit une autre qui le connaît mieux encore.

Il s’était approché, la tête haute, l’œil allumé ; il paraissait ravi de la trouvaille qu’il venait de faire. Quand il fut à trois pas de Mme Drommel, il ôta respectueusement son chapeau, resta quelque temps à la regarder, la mangeant ou, pour mieux dire, la buvant des yeux ; il avait l’air surpris et charmé d’un gourmet savourant un grand cru qu’il a découvert dans un cabaret du village. Elle le regardait aussi, et elle se souvint du rêve qu’elle avait caressé sur la cime du mont Chauvet. Elle ne put s’empêcher de se dire que son joli pied n’avait pas travaillé en vain, que la terre s’était émue, qu’il en était sorti quelque chose. Était-ce précisément ce qu’elle cherchait ? Certes, non ; mais ce qu’elle venait de trouver ne lui déplaisait pas. Elle s’était toujours résignée à toutes les volontés du Ciel ; elle lui disait dans ses prières :

« Si ce n’est lui, que ce soit un autre, pourvu que ce soit quelqu’un ! »

Elle se rappela qu’elle devait une réponse au jeune inconnu.

« Vous voyez, monsieur, lui dit-elle, une femme bien malheureuse. Voici cinq chemins, et je ne sais pas lequel conduit à Barbison.