Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/248

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qu’elle est énorme. Que tous ses péchés lui soient pardonnés ! je suis une âme sans malice. Mais vous arrivez dans un bon jour, dans un moment favorable. Tâchez d’en profiter. L’occasion a des ailes et s’envole. »

Quoique le petit Lestoc n’eût pas compris la moitié de ce que voulait dire le mouvement de tête de Mme Drommel, il s’assit bien vite à ses côtés, sur le talus, un peu plus bas qu’elle, et bientôt il se trouva presque à ses genoux.

La conversation s’engagea ; ils firent connaissance avec une promptitude qui s’explique par l’imprévu de leur rencontre, par la fatalité des sympathies, par la nuit qui tombait, par le lieu où ils se trouvaient. Les choses vont très vite dans les bois ; sous leurs voûtes mystérieuses, la pensée acquiert des rapidités qui l’étonnent elle-même. Une forêt n’est jamais un témoin incommode, quelquefois elle a la figure d’un complice.

Après deux minutes d’entretien, Mme Drommel avait deviné que ce joli blondin était l’auteur du petit tableau qu’elle avait admiré, et elle lui dit le cas infini qu’elle faisait de son talent. A son tour, il lui adressa le compliment qu’il regardait comme le plus flatteur de tous : il lui signifia qu’il l’avait prise pour une Parisienne, qu’il en avait jugé ainsi