Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/260

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« C’est un nom qui jouit en Allemagne d’une certaine notoriété, mais je doute qu’il soit arrivé jusqu’à Barbison. »

Lestoc s’inclina avec respect :

« Eh quoi ! monsieur, vous seriez !… Oh ! j’aurais dû le deviner. Mais vraiment vous nous faites tort ; pour qui nous prenez-vous ? Pouvez-vous penser que nous soyons assez ignares de toute bonne discipline pour n’avoir jamais entendu parler du grand philosophe, du profond penseur, de l’illustre publiciste qui a fondé une feuille célèbre, la Lumière, à laquelle je me suis toujours promis de m’abonner ? »

M. Drommel conçut aussitôt la meilleure opinion de ce jeune homme bien informé, et il le caressa de la prunelle. Il ne se doutait pas que sa science était toute fraîche, qu’il l’avait acquise dans un carrefour de la forêt.

« Cela n’empêche pas, poursuivit Lestoc, que, malgré l’autorité de votre grand nom, vos thèses ne me paraissent hérétiques, malsonnantes, condamnables au premier chef. Je ne me fâche pas, comme M. Taconet, je ne me fâche jamais ; mais votre théorie sur les braconniers me scandalise diablement… Excusez-moi, je retire cet adverbe, ma tante Dorothée ne l’aimait pas.