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Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/267

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génie, viens sur mon cœur. Par malheur, il reprit : — Oh ! mais Titien, ce n’est pas encore cela.

— Non, l’Allemagne n’est pas encore cela, repartit M. Drommel, mais elle y viendra ; nous en sommes au crépuscule, demain le soleil se lèvera. Les Allemands se distinguent entre tous les peuples par le génie du réalisme, par le sentiment de la synthèse. »


Et il ajouta en dévorant une cinquième alouette :

« Ne vous y trompez pas, c’est la synthèse germanique qui a vaincu à Sedan. »

M. Taconet portait son verre à sa bouche ; il le laissa retomber sur la table si violemment qu’il faillit le briser, et ses yeux bruns jetèrent un éclair. Il se calma aussitôt et se contenta de murmurer :

« Patience ! répondit Panurge.

— A propos, pendant que nous y sommes, qu’allons-nous faire de la famille ? demanda encore Lestoc.

— Je ne la détruis pas, je la perfectionne, en faisant élever et nourrir tous les enfants par l’État.

— Et le mariage, l’abolissons-nous ?

— Le mariage, mon cher enfant, est le plus absurde de tous les préjugés, le plus grand attentat à la liberté de l’homme et de la femme. Je le remplace par l’amour libre.