Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/268

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— C’est entendu ; comme la propriété, nous faisons circuler la femme.

— Sera-t-il permis d’en avoir plusieurs ? demanda à son tour M. Taconet.

— Vous prenez toujours ma pensée de travers, lui dit aigrement M. Drommel. L’amour est essentiellement monogame, et la seule polygamie qui soit conforme à la nature est la polygamie successive. L’homme n’a pas le droit de disposer pour l’éternité de sa personne qui est sacrée et de sa volonté qui est changeante. La loi ne reconnaît plus les vœux perpétuels des moines, le législateur de l’avenir ne reconnaîtra pas les vœux du mariage, et inscrira en tête de sa constitution le grand principe des affinités électives. Tout est chimie dans l’homme.

— Parfait ! dit M. Taconet. Z a de l’affinité pour la femme de X comme pour son champ, nous lui donnons le champ et la femme.

— Et qui vous dit, répliqua M. Drommel, que la femme de Z n’ait pas de l’affinité pour X ? Voilà un échange qui fera d’un coup quatre heureux.

— Échange-t-on quelquefois les femmes en Allemagne ? dit le petit Lestoc.

— Cela s’est vu, et tout le monde s’en est bien trouvé.