Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/290

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


« Au diable les femmes qui ont l’amour des litanies ! » répondit-il, indigné qu’elle ne goûtât pas son idée.

Dès qu’il fut monté en voiture :

« Me voilà en état de grâce, dit-il au prince de Malaserra, je suis muni de tous les sacrements de l’Église. »

Et il se récria, en s’en moquant un peu, sur la tendre et trop craintive sollicitude que lui témoignait sa femme. Il ajouta qu’il n’avait jamais été malade de sa vie, et que jamais il n’avait rien perdu en voyage, pas même son parapluie.

« O mon cher ami, lui répondit le prince, que je vous envie votre florissante santé, votre bonheur et, oserai-je vous le dire ? votre délicieuse épouse. Hélas ! la princesse de Malaserra… Je suis bien malheureux, mon ami, car la princesse elle s’est sauvée avec un méprisable aventurier. Oh ! si je les tenais ! Le désespoir il est cannibale, et les femmes elles sont inconcevables. M’avoir préféré l’autre ! Tout le monde s’accorde à dire que je suis assez bel homme, et l’autre il était affreux, un petit homme camus… Vous voyez que je vous dis tous mes secrets, j’ai toujours eu la coutume de montrer mon âme à mes amis. Oui, mon ami, c’est pour cela que je voyage, car, depuis cette horrible aventure,