Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/330

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l’asinus, ils n’ont pas plus de vergogne qu’une danseuse. Dansera bien qui dansera le dernier ! .. M’entendez-vous ? Un parasol rouge. Et l’autre, qui se croit bel homme avec son teint blême et ses oliviers ! S’il y avait une police, il serait sous les verrous depuis vingt ans. Êtes-vous assez niais pour croire à ses oliviers, vous ? Il n’y a pas plus de Malaserra en Sicile que dans mon œil… Mille tonnerres ! Qu’attendez-vous pour les arrêter ? Je veux qu’on les coffre tous, qu’on les bâtonne et qu’on les pende. »

A ces mots, Taconet l’interrompit en s’écriant :

« Vee dicou gentilastre, au nom de Dious ne me touquas grou… Quand je vous disais que les sociologues parlent quelquefois limousin ! »

M. Drommel ne l’écoutait pas, il continuait d’écouler son torrent. Les mots se pressaient, s’entre-choquaient sur ses lèvres, qui ne suffisaient pas à ce débordement. Il entremêlait dans sa harangue sa sacoche, sa femme, la moustache blonde du petit Lestoc, la barbe noire du prince de Malaserra, l’école du plein air, les pick-pockets, les tribunaux, les prisons, la potence et tout l’univers. Pendant ce temps, M. Taconet travaillait activement à le délier, et quand il eut fini :

« De quoi vous plaignez-vous, mon grand philosophe ?