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Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/331

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lui dit-il avec un sourire un peu trop goguenard. Vous ne croyez donc plus aux affinités électives ? Vos espèces, votre femme, tout circule, et vous n’êtes pas content ? Là, vous avez l’humeur difficile. »

Il changea de ton en voyant le pauvre homme, qui avait enfin les mains libres, pâlir, flageoler sur ses jambes, prêt à se trouver mal. Se repentant de ses ironies, il le soutint dans ses bras, l’aida à s’asseoir sur le talus de la route, tira de sa poche un flacon de rhum, dont il lui fit avaler une gorgée. Il se comparait en lui-même au bon Samaritain.

Le rhum produisit un effet magique. En un clin d’œil M. Drommel recouvra ses forces et toute la vivacité de son humeur bouillante. La première chose qu’il fit fut de saisir son sauveur à la gorge en lui criant :

« Vous êtes commissaire de police, je vous rends responsable de tout.

— Vous vous trompez, répondit M. Taconet ; adressez-vous à mon successeur.

— Tout est donc faux, dans ce pays, les commissaires comme les princes ?

— Commissaire, je le fus, je ne le suis plus… Mais en vérité, mon cher monsieur, vous n’êtes