Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/45

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les égards qui lui sont dus et selon toutes les règles du droit des gens. »

Horace s’était remis de son trouble ; il s’arma de philosophie, fit bonne mine à mauvais jeu. Avançant un siège au marquis :

« Asseyez-vous là, monsieur l’ambassadeur, lui dit-il, dans le meilleur de mes fauteuils. Mais, au préalable, embrassons-nous, mon cher oncle. Si je ne me trompe, il y a deux ans bien comptés que nous n’avons eu le plaisir de nous voir. Que pourrais-je vous offrir, pour vous être agréable ? Je crois me souvenir que vous avez quelque goût pour le champagne frappé, que c’est votre boisson favorite. Oh ! n’allez pas vous imaginer que nous soyons ici dans un pays de sauvages ; on y trouve tout ce qu’on veut ; vous serez satisfait à l’instant. »

Il tira à ces mots un cordon de sonnette : un domestique parut ; il lui donna ses ordres, qui furent promptement exécutés, quoiqu’on accuse les Vaudois d’être un peu lents.

Cependant M. de Miraval contemplait son neveu avec une satisfaction mêlée d’un sourd dépit. Il lui sembla que ce beau garçon bien découplé avait encore embelli. Sa barbe courte était du plus beau noir ; ses traits, jadis un peu mous, avaient pris de la fermeté, de l’accent ; ses yeux, d’un gris