Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/53

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je me rappelle à présent que c’était dans le tombeau du roi Ti.

— Ti n’était pas un roi, mon oncle, répliqua-t-il sur un ton d’indulgente mansuétude. Ti était un des grands feudataires, un des barons de quelque souverain de la quatrième dynastie, laquelle régna deux cent quatre vingt-quatre ans, ou peut-être de la cinquième, qui, vraisemblablement, fut aussi memphite.

— Dieu me préserve de soutenir le contraire ! Vous voilà donc dans ce tombeau. Illuminée par l’amour, Mme Corneuil déchiffra couramment une inscription hiéroglyphique, et, touché de ce beau miracle, tu tombas à ses pieds.

— Ces miracles ne se font pas, mon oncle. Mme Corneuil ne lit pas encore les hiéroglyphes, mais un jour elle les lira.

— Et c’est pour cela que tu l’aimes, malheureux ?

— Je l’aime, s’écria Horace avec feu, parce qu’elle est admirablement belle, parce qu’elle est charmante, parce qu’elle est adorable, parce qu’elle a toutes les grâces, et qu’auprès d’elle toute femme me paraît laide. Oui, je l’aime, je lui ai donné pour jamais mon cœur et ma vie ; tant pis pour qui ne me comprend pas.