Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/54

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— Peste ! voilà parler, repartit M. de Miraval, et voilà de l’amour. Mais, mon cher enfant, je ne te reproche pas d’aimer cette femme ; libre à toi. Ce qui me fâche, c’est que tu veux l’épouser. Eh ! grand Dieu ! où en serions-nous si l’on était tenu d’épouser toutes les femmes qu’on aime ?… Voyons, entre quatre yeux, est-ce donc une vertu si farouche ? »

Horace fronça le sourcil et répondit sèchement :

« Assez, mon oncle ! Ah ! je vous prie, pas un mot de plus.

— A vrai dire, je ne sais rien, poursuivit le marquis ; je n’y étais pas. Mais ta mère, paraît-il, a pria des informations, et les mauvaises langues prétendent…

— Assez, vous dis-je, répéta Horace en haussant la voix. Si tout autre que vous me parlait sur ce ton d’une femme pour qui mon estime égale ma tendresse, d’une femme qui est digne de tous les respects, il aurait ma vie ou j’aurais la sienne.

— Tu comprends bien que je n’ai aucune envie de me battre avec toi, ô mon unique héritier ! Dame ! que deviendrait l’héritage ? Puisque tu me le dis, je demeure convaincu que Mme Corneuil est une personne absolument irréprochable ; mais où diable ta mère a-t-elle pris ses renseignements ?