Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/73

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pour moi. Prétendez-vous me condamner à essuyer des impertinences ?

— Te voilà bien, tu mets les choses au pis, tu t’exaltes, tu te montes, tu pars de la main…

— Je vous répète que je suis malade.

— Ma chère adorée, il ne faut jamais être malade qu’à propos, et dans ce cas ci… Prends-y garde, il s’imaginera qu’il te fait peur. »

Mme Corneuil jugea sans doute à la réflexion que sa mère avait raison, car elle lui dit :

« Puisque vous voulez absolument que je m’impose cette corvée, soit ! ordonnez qu’on me monte mon déjeuner, et envoyez-moi ma femme de chambre.

— C’est on ne peut mieux, répondit Mme Véretz. Ah ! ma chère, ce n’est pas une corvée que je t’impose, c’est une victoire que je te prépare. »

Et à ces mots elle se retira, non sans l’avoir embrassée une seconde fois.

A deux heures précises, Mme Véretz, sous les armes, installée dans un ajoupa qui faisait face à la véranda du chalet, attendait le comte de Penneville et M. de Miraval ; à deux heures précises, le marquis et le comte parurent à l’horizon. La présentation se fit dans toutes les formes, et bientôt l’entretien s’engagea. Mme Véretz était une femme