Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/74

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experte en tous les cas difficiles ; l’imprévu ne la déconcertait point : elle savait faire fête aux visiteurs fâcheux comme aux événements désagréables. M. de Miraval ne lui fournit point l’occasion d’exercer sa vertu. Il fut parfaitement courtois et gracieux ; il déploya en cette occurrence son amabilité, son brillant des grands jours ; il se mit en frais autant qu’il le faisait jadis pour les puissants de la terre qui lui donnaient audience. A quoi servirait-il d’avoir été diplomate, si l’on ne possédait l’art utile de parler beaucoup sans rien dire ? Il avait la parole à son commandement et, quand il le fallait, une éloquence fluente, le talent de faire couler, comme dit le proverbe russe, du miel sur l’huile. Tout chemina fort bien. Horace, qui avait beaucoup redouté cette entrevue et qui d’abord avait eu l’air contraint et gêné, fut bientôt hors de peine ; il sentit se dissiper son embarras. Il était dans son caractère de se rassurer très vite. Non seulement il était né optimiste, mais il avait trop approfondi la théologie égyptienne pour ne pas savoir que dans le monde des hommes comme dans celui des divinités la lutte entre les deux principes se termine d’habitude par la victoire du bien, que Typhon finit par se laisser désarmer et qu’Horus, dieu bienfaisant, prend en main le gouvernement