Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/86

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chinoise, le bonheur est représenté par une main pleine de riz. Et après cela, qui contestera l’immense supériorité d’âme et de génie des Égyptiens sur les habitants du Céleste Empire ? »

Il finit pourtant par s’apercevoir que Mme Corneuil ne lui répondait pas ; il en chercha l’explication, et il la trouva.

« Quelle impression vous a faite le marquis de Miraval ? » lui demanda-t-il d’une voix anxieuse.

Cette fois elle répondit.

« C’est un homme fort distingué, dit-elle. Il commence admirablement les histoires, mais il les finit mal… Dois-je être sincère ?

— Absolument sincère.

— Il me plaît fort peu.

— Aurait-il dit quelque chose qui vous ait offensée ? s’écria Horace, saisi d’un remords subit et de la crainte que son oncle n’eût profité perfidement des distractions que lui causaient Manéthon et le roi Apépi, pour hasarder quelque méchant propos.

— C’est un homme d’esprit, répliqua-t-elle ; mais il faut avoir de l’âme, et je le soupçonne de n’en pas avoir. »

En disant ces mots, elle attacha sur le visage du jeune homme ses grands yeux bruns où l’on voyait une âme, et peut-être deux.