Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/90

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l’affection pour lui ; je serais désolée de vous brouiller avec un parent que vous aimez.

— Vous, vous, rien que vous ! s’écria-t-il. C’est si peu de chose que le reste ! »

Il demeura quelques instants encore à ses genoux ; mais, à son vif chagrin, elle l’obligea de se relever, en lui disant :

« M. de Miraval finira par remarquer que nous sommes longtemps absents. Soyons polis. »

Deux minutes après, elle rentrait dans l’ajoupa, où la suivit Horace, et elle aborda le marquis avec une nuance d’affabilité qu’elle ne lui avait pas encore montrée ; mais, quoiqu’elle eût changé de visage et de procédé, le charme ne laissa pas d’opérer, ou plutôt l’effet n’en fut que plus sensible. M. de Miraval, qui avait recouvré toute la liberté de son esprit en conversant familièrement avec Mme Véretz et en lui faisant toute espèce de confidences, se troubla de nouveau quand il revit sa belle ennemie. Il répondit à ses avances par des phrases incohérentes, par des propos sans queue ni tête, qui semblaient tomber de la lune. Bientôt, comme pris de colère contre lui-même et contre son indigne faiblesse, il se leva brusquement, et se tournant vers Mme Véretz :

« On n’oublie pas longtemps son La Fontaine,