Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/89

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ce qu’il vous plaira, quoique je lui aie toujours rendu l’amitié qu’il me porte.

— Oui, renvoyez-le dans sa famille, qui nous en voudrait de l’accaparer. Qu’il retourne bien vite lui raconter ses histoires !

— Permettez, sa famille, c’est moi ; il est garçon ou plutôt veuf depuis trente ans et sans fils ni fille. Mais que m’importe son héritage ! »

A ces mots, Mme Corneuil sortit de son extase, et dressant l’oreille comme un chien qui flaire une piste inattendue :

« Son héritage ! Vous êtes son héritier ! Vous ne m’en avez jamais rien dit.

— Et à quel propos vous l’aurais-je dit ? L’argent, qu’est-ce que l’argent ?… Mon trésor, le voici, ajouta-t-il en essayant de prendre un second baiser, qu’elle lui refusa sagement, car il ne faut abuser de rien.

— Ce sont de lâches misères que les questions d’argent, dit-elle… Est-il très riche, le marquis ?

— Ma mère assure qu’il a deux cent mille livres de rente. Qu’il en fasse ce qu’il voudra. Puisqu’il a eu le malheur de vous déplaire, je lui déclarerai tout net que je renonce à la succession.

— Encore y faut-il mettre des formes, répondit avec quelque vivacité Mme Corneuil. Vous avez de