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Page:Cherbuliez - Le comte Kostia (7e édition).djvu/33

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LE COMTE KOSTIA

son nom, il le pria de le suivre. Ils traversèrent une terrasse, forcés d’écarter à chaque pas les dogues qui grommelaient sourdement ; ces aimables hôtes avaient regret du souper dont on venait de les frustrer. À la suite de son guide, Gilbert s’engagea dans un petit escalier tournant, et quand ils eurent atteint le palier du troisième étage, le valet de chambre, ouvrant une porte cintrée, l'introduisit dans une vaste pièce circulaire où avait été dressé un lit à baldaquin. « Voilà votre chambre, » lui dit il sèchement, et après avoir allumé deux bougies et les avoir placées sur une grande table ronde, il sortit et ne reparut qu’au bout de vingt minutes, apportant un plateau chargé d’un samovar, d’un pâté de venaison et de volailles froides. Gilbert mangea de bon appétit, et il s’en sut un gré infini. » Mes sottes rêveries, se disait-il, ne m’ont pas gâté l’estomac. »

Gilbert était encore à table quand le valet de chambre rentra et lui remit un billet du comte ; il était ainsi conçu ;

« M. Leminof souhaite la Bienvenue à M. Gilbert Savile. Il aura le plaisir de lui rendre visite demain dans la matinée. »

« Demain nous rentrerons dans le sérieux de la vie, se disait Gilbert en savourant une tasse du thé vert le plus exquis, et vraiment j’en suis bien aise, car je n’approuve pas l’usage que je fais de mes loisirs. J’ai passé toute cette journée à raisonner sur moi-même, à disserter sur mon esprit et sur mon cœur. et tirant de sa poche un carnet, il y écrivit ces mots : « Oublie-toi, oublie-toi, oublie-toi. » Gilbert en usait comme le philosophe Kant, lequel, ne pouvant se