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LE COMTE KOSTIA

rencontrer. Adieu, mon cher docteur ; comptez sur ma reconnaissance et mettez-moi aux pieds de Mme Lerins, si elle n’a pas oublié son indigne serviteur. « Kostia Petrovitch Leminof. »


IV

Quinze jours plus tard, Gilbert écrivait à ses amis une lettre ainsi conçue : « Madame, je n’ai trouvé ici ni fêtes, ni cavalcades , ni galas, ni beautés tongouses. Qu’en ferions-nous, je vous prie, de ces beautés tongouses ? ou, pour mieux dire, que feraient-elles de nous ? Nous vivons dans les bois ; notre château est un vieux, tout vieux château : le soir au clair de la June, il a l'air d’un revenant. Ce que j’en aime le mieux, ce sont de longs corridors sombres où le vent se promène ; mais je vous assure que je n’y ai pas encore rencontré de robe blanche ni de chapeau à panache. Seulement, l’autre soir, une chauve-souris qui avait pénétré par un carreau brisé me balaya la figure de son aile, et faillit éteindre ma bougie. C’est jusqu’à présent ma seule aventure. … Et quant à vous, monsieur, sachez que je ne ne suis point laissé gagner aux séductions de mon tyran, par la raison qu’il ne s’est point donné la peine d’être séduisant. Sachez encore que je ne m’ennuie pas. Je suis content ; je jouis de cette tranquillité d’esprit que procure une situation bien d&finie, bien réglée et après tout très-supportable. Je n’ai plus à pousser ma vie devant moi et à lui mon-